Ateba, une féministe désabusée

Juil 12, 2018

Ateba est une jeune fille qui vit chez sa tante Ada au quartier QG. C’est une jeune fille qui écrit des lettres imaginaires à des femmes, elle est attirée par Jean avant de le laisser tomber pour cause de déception. Elle s’occupe de sa tante et de quelques tâches ménagères dans la maison. On ne sait pas si elle est étudiante mais, pour le roman, ce n’est pas important.

Bon, je marque une pause parce que j’imagine bien que vous devez vous demander qui est Ateba et ce qu’elle a à voir avec ce billet de mon blog. Eh bien. Elle a tout à y voir. Ateba n’est autre que l’héroine du roman C’est le soleil qui m’a brûlée par Calixthe Beyala (une romancière camerounaise).  C’est l’introduction parfaite pour introduire le sujet du jour,  la construction du personnage. Dans un précédent article intitulé Comment créer un personnage de fiction crédible?, je revenais sur les motivations du personnage principal dans le roman. Eh bien, chers écrivains, un personnage est comme un être humain. Il a une maison, un nom, etc. Les quatre éléments essentiels qui le caractérisent sont:

  1. son sexe
  2. son âge
  3. sa profession
  4. Ses manières/habitudes: son style et sa posture (politique, familial, social, etc.) Évitez d’abuser des adjectifs qualificatifs pour décrire le comportement d’un personnage. Privilégiez plutôt des scènes, des incidents qui l’illustreront bien mieux (Swain 1990: 18).

Comment cela fonctionne-t-il concrètement? Tous les personnages doivent-ils regrouper ces caractéristiques? Je serai tentée de dire que l’auteur doit au moins le savoir et l’écrire dans son plan et l’adapter en fonction du contexte et de l’histoire. Le lecteur ne le lira pas forcément dans le roman. Voici un exemple:

Verre_casse

Dans le roman Verre cassé d’Alain Mabanckou publié en 2005, le personnage principal est affublé d’un nom (surnom?) très hilarant, Verre cassé. Il est chargé par L’escargot entêté, le patron du bar Le crédit a voyagé de tenir un journal sur les abonnés du bar. La mission du personnage principal nous renvoie à mon précédent message sur la crédibilité du personnage.

Là spontanément, ce que j’ai retenu de ce personnage loufoque, c’est son sens de l’humour, son sens de l’observation, son amour pour la bière. Il n’est jamais sobre. Il traîne tout le temps au Crédit a voyagé, raison pour laquelle il a perdu son emploi d’enseignant et sa femme. Il écrit tous les jours dans son cahier. Sa mère est morte noyée dans un cour d’eau et, je ne dévoilerai pas la fin du roman (et toc, allez le lire).

Pour finir, on retient donc que Verre cassé est un homme au chômage qui aime boire de l’alcool et qui écrit un roman sous l’impulsion de L’escargot entêté. L’attitude de ce personnage m’a fait plus d’impression que sa description physique, dont je ne me souviens pas, si elle a été évoquée dans le livre.

 

étiquettePour étiquetter votre personnage, pensez à associer le métier ou la passion du personnage à son caractère (comportement). Dwight dit par exemple que “le métier permet de contextualiser le comportement du personnage”. Verre cassé par exemple est un écrivain qui aime la boisson. Ifemelu  dans le roman Americanah est une blogueuse engagée (entre autre). Ramatoulaye dans le roman Une si longue lettre est une féministe conservatrice. En d’autres termes, le métier est une plateforme qui permet au personnage d’exhiber sa personnalité.

Mon astuce du jour

Avant de terminer cet article, je vous propose une astuce que j’utilise pour créer des personnages. J’ai initié une banque de données dans laquelle j’enregistre les émotions que je ressens comme par exemple, la déception ressentie quand j’ai avalé une tablette de chocolat pour la énième fois ou, par exemple, les sensations que je ressens quand le vent souffle dans mes vêtements, mon attitude quand je m’apprête à aller courir, etc. Ma banque de données n’est pas exclusive! Cette femme qui mange des chips à 8h du matin est aussi intéressante, l’homme aux cheveux violets est aussi un excellent candidat! Enfin, ce voisin sympathique et impertinent qui n’arrête pas de taper dans mes affaires (entendez manger mes emplettes). J’ai également une liste de noms et de prénoms africains et leurs significations, au cas où. Ainsi, dans un futur proche, je pourrai y fouiller.

Un petit exercice: amusez-vous à observer les gens dans votre entourage et à créer votre propre liste. Que diriez-vous de cette amie que vous aimez bien? Ou de votre collègue? Ou d’un(e) inconn(e) qui vous a marqué(e)?

Avez-vous, vous aussi une telle banque de données?

Source photo: Boostradio 

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