Et si on finissait la semaine avec une nouvelle ?
Tu t’appelleras Congo, le mal-aimé, dit le monsieur qui portait une barbe blonde de trois jours, une cigarette à la bouche. Il me rappelait les gangsters qu’ on voyait dans films de cowboys dans les années 90.
L’enfant se braqua.
-C’est quoi ce nom débile que tu me donnes toi? Sa bouche se déforma en un rictus.
Lhomme ne se laissa pas intimider par cette mine de dur à cuir et il continua sur la même lancée:
-Mais regarde la misère qui règne chez toi! Comment veux-tu que je t’appelle ?
La main tendue, il montra à l’adolescent au torse nu le chaos alentour. Des déchets d’ordure jonchaient le sol couvert de mauvaises herbes. Des pierres sortaient de terre ça et là. La zone industrielle était bondée de travailleurs potentiels. Ils allaient de porte en porte, à la recherche d’un emploi.
L’enfant qui n’avait pas suivi le mouvement de la main s’emporta Ne fais pas que je te gifle hein chouagne?
Tu te prends pour qui de débarquer chez moi et de me donner des leçons ? Tsuip, regarde- moi cet imbécile -là.
Tu viens me dépouiller chez moi tous les jours pour construire tes maisons, nourrir ton peuple. Après tu vas crier sur tous les toits que tu es riche et moi pauvre. Tu leur as dit d’où proviennent le bois que tu utilises pour construire tes maisons? De ma forêt équatoriale!
Et le coltan pour fabriquer tes téléphones? De mes mines!
De tes bananes que tu exposes dans tes supermarchés? Encore de chez moi.
Alors, arrête de faire ton malin et de te la raconter, espèce de voleur à la noix et rends- moi mon arme que je continue à tuer les miens pour les ressources minières dont tu as tant besoin.
Le petit enfant sortit de son rêve, l’air hagard. Il avait fait un rêve étrange sur le Congo et euh…le diamant, non, le cobalt. Pourquoi il en avait rêvé? ” Il avait regardé une émission sur l’exploitation des ressources naturelles au Congo avant de se coucher. Il se leva, éteignit la vieille télévision recouverte de vieux journaux, et s’en alla travailler dans les mines d’où il extrayait le cobalt tous les jours.
Muriel Mben, écrit en 2017
Sans parler de l’uranium dans les mines