Cette interview vise à nous familiariser avec le monde des auteurs et blogueurs, leurs techniques de travail, motivations et inspiration. Les auteurs débutants pourront y trouver les outils nécessaires pour se lancer dans l’aventure créative. J’ai le plaisir de discuter avec le Père Akono François-Xavier.

Le père Akono en pleine réflexion
Parle-nous de toi. Blogueur ou auteur? Quels sont les livres, articles que tu as écris?
Je suis François Xavier Akono. Je suis camerounais. J’ai écrit un livre, Explorer la théologie d’Engelbert Mveng ; puis dirigé un livre collectif sur le même auteur : Engelbert Mveng : chantre de la libération du Muntu. Avec Joseph Loïc Mben, nous avons écrit, Dictionnaire de camfrangle. J’ai aussi rédigé des articles dans des revues et dans des livres collectifs.
Où peut-on les acheter/lire?
Sur Internet ; ou alors au Cameroun, dans les librairies.
Quels sont tes domaines de recherche? Quel genre littéraire t’intéresse?
La philosophie politique et morale ; la philosophie africaine. J’aime bien la poésie ; en ce qu’elle nourrit la pensée du philosophe.
A quel âge as-tu commencé à écrire et depuis quand le prends-tu au sérieux?
Écrire est un acte sérieux. C’est pourquoi, à mon sens, mes premiers écrits sérieux datent du Petit Séminaire Saint Paul de Nylon à Douala-Cameroun, où j’ai été rédacteur en chef du journal dudit établissement. Après ce temps scolaire, j’ai très souvent, écrit sous la forme d’articles dans des revues et des livres collectifs.
A quelle fréquence écris-tu?
La fréquence d’écriture est fonction des urgences des comités de rédaction ; pour ce qui est de l’écriture de manuscrits, je le fais en fonction de l’inspiration. Ecrire c’est un peu répondre à la pression d’une nécessité vitale. Pour un roman, en préparation, il me suffit de me donner un rendez-vous fixe par semaine ; par exemple, le jeudi et examiner si les objectifs de la semaine sont atteints. Ecrire étant une passion, elle s’entretient par le moyen d’une certaine régularité ; malgré les cours, les divertissements, être avec les autres, etc.
Quel type d’écrivains es-tu: celui qui planifies ou qui écris spontanément?
Au regard la question précédente, je dirai que l’écriture d’essais ou d’articles requiert une planification requise. Ceci pour répondre aux délais des rédactions. Ceci dit, j’allie à la fois planification et spontanéité dans l’écriture.
Comment choisis-tu le thème de tes romans/articles?
Le choix thématique des articles naît de la volonté de comprendre des situations données. Á cet égard, la rédaction d’articles scientifiques provient du désir de résoudre un problème soulevé par une question. Il s’agit ainsi de contribuer au débat par exemple sur la démocratie telle que vécue par des Pays Africains. Sur demande d’une revue, mon avis pourra être publié et ainsi fournir des éléments de diagnostic du mal et des essais de solutions contre ce qui va mal. Je me demande toujours, que vais-je ajouter de nouveau par rapport à un thème déjà traité. L’écriture des essais se situe également dans le même courant.
Concernant les nouvelles ou les romans, les thèmes sont tirés de l’expérience observée ou vécue. Le roman à connotation politique partira d’une situation politique. Il s’agira de mettre en récit des situations connues en les transformant par une trame et des personnages qui viennent se greffer à l’intuition principale. En somme, réfléchir sur la philosophie critique me permet d’évaluer les manières de concevoir et vivre la politique ; ainsi que les manières de les améliorer par de nouvelles perspectives de proposition.
Que fais-tu quand tu n’es pas inspiré?
Quand intervient l’absence d’inspiration, je me dis tout d’abord qu’il faut savoir prendre du recul par rapport au texte que j’écris. Comme on dit « je laisse d’abord pour revenir par la suite ». Aussi, je peux parler du scénario à une personne ou alors, sur un moteur de recherche, trouver des éléments qui vont de nouveau déclencher l’écriture.
Quel est ton environnement idéal de travail (assis, sur le lit, dans un parc, etc.?)
L’environnement d’écriture que je préfère est d’être assis sur ma table. C’est là que je passe le plus de temps. Certes, le matériel d’écriture, je le glane à travers les balades ; là, j’ouvre les yeux sur ce que je vois et ce que j’entends dans la rue, dans le bus. Je l’enregistre et ainsi, je peux revenir à ma table de travail et rédiger quelques premiers jets que j’améliorerai par la suite. J’emploie de temps à autre mon appareil photo pour prendre une situation au vif. Par exemple, le fait que la façade principale de l’entrée d’une grande université ait des écritures délavées. Cela dénote-t-il : de la négligence des autorités ? du travail bâclé ? d’un éternel recommencement ? Ou entendre une dame pousser des cris de désespoir dans un bus où elle est assise à côté d’autres passagers serrés les uns contre les autres ; à l’entendre dire, « trop de souffrances » ; cette seule phrase est enregistrée puis plus tard mise par écrit. Le travail de l’imagination est aussi important.
Tu préfères écrire sur un ordinateur ou papier?
Écrire sur ordinateur est préférable ; il s’agit pour moi d’avoir un dossier d’un texte ; et plusieurs fichiers de notes, que j’emploie pour parvenir à des rédactions plus abouties. J’organise donc mon ordinateur en dossiers. Ce qui me permet de m’organiser en conséquence. Il est cependant vrai que le papier pourrait également me servir de support d’écriture. Cela pour la prise de notes par exemple dans une bibliothèque.
Quels sont tes trois auteurs préférés?
Mongo Beti, Emile Zola, Aimé Césaire.
Lesquels t’ont inspirés?
Je dirai que la poésie d’Aimé Césaire est pour moi une source à laquelle penser la condition africaine tire des éléments créatifs et de critique.
Le dernier livre que tu as lu?
Michel Lobunda, Théologie de la non-violence de Simon Kimbangu. Pour une paix durable en R.D. Congo.
Que penses-tu de l’engagement de l’auteur?
L’engagement de l’auteur-e est une responsabilité sociale pour qui veut le bien-être de sa société. L’engagement a des conséquences dans les Pays dictatoriaux ; c’est soit la mort, l’exil ou la violence. Malgré tout, l’auteur-e a le devoir moral de s’impliquer dans la résolution des problèmes de sa société. Ecrire c’est être architecte du bonheur partagé de manière équitable.
Quelle est ta playlist préférée quand tu écris?
Je préfère ici parler de mon rapport à la musique pendant l’activité de rédaction. Ce n’est pas systématique. Disons que parfois, la musique m’accompagne dans la rédaction ; mais elle ne doit pas me distraire ; en cas de nécessité, je peux continuer d’écouter ou alors arrêter. Le rapport que j’ai à la musique est comme celui d’une source de pensée possible. En écoutant par exemple les textes musicaux des Zaïrois redevenus congolais, j’extrais des thématiques de la vie sociale, conjugale ; en étant attentif à la musique de Lefa, j’essaie de comprendre sa vision des relations interpersonnelles. En écoutant les rappeurs engagés d’Afrique, je comprends la nécessité d’une réflexion sur les entorses à la liberté des citoyens ; et ensemble, ils posent les bases d’une construction de l’avènement de la liberté en Afrique.
Pour finir, quels sont les conseils que tu peux donner aux jeunes écrivains?
Je pense qu’ils doivent être constants ; savoir que réaliser la passion de l’écriture nécessite de la persévérance. Je leur souhaite de prendre du plaisir dans le travail de création par l’écriture.
Nous adressons nos remerciements les plus sincères au père qui a pris le temps de nous répondre. J’espère que nos amis lecteurs y trouveront des moments inspirants qui déclencheront leur passion ou les remettra sur le chemin de l’écriture.
0 Comments
Trackbacks/Pingbacks