Si vous avez un téléphone portable, combien de temps passez-vous dessus? Êtes vous de ceux-là qui n’ont d’yeux que pour lui ? Vous identifieriez-vous comme un membre de la “génération tête baissée”. Cette expression, empruntée à une connaissance, désigne des gens qui ont toujours la tête dans leurs téléphones. Ça peut être pour le travail, pour éviter une conversation difficile, une addiction aux réseaux sociaux ou une boulimie informationnelle (Dr. Nicolas Neveux) . Quelle qu’en soit la raison, avez-vous déjà imaginé ce qui se passerait si, d’aventure nos téléphones nous contrôlaient vraiment ?
Je suis écrivaine et je m’intéresse énormément aux sources d’inspiration des autres auteures. D’où leur viennent leurs idées ? Pourquoi écrivent-ils? Pour pouvoir répondre à cette question il m’arrive de lire les résumés des romans à la quatrième de couverture de livres vendus dans des librairies en ligne. Je regarde aussi des films et je lis. Aujourd’hui, je voudrais revenir sur le sujet d’un film d’horreur.
Tout récemment, j’ai regardé Cellulaire, un film tiré du livre éponyme écrit par Stephen King en 2006, qui raconte l’histoire de personnes qui ont commencé à agir comme des sauvages à cause d’un signal envoyé par leurs téléphones portables. Imaginez-vous vous faire attaquer ou tuer par des inconnus chez vous, en route, n’importe où. Les seules personnes qui ont rechapé à cette attaque n’utilisaient pas leurs téléphones portables au moment de la transmission du signal.
La scène s’ouvre avec Clayton Riddell, un auteur de bandes dessinées qui parlent à son fil sur son téléphone portable. Peu de temps après le début de son coup de fil, sa batterie tombe à plat, ce qui le pousse à utiliser un téléphone fixe. Immédiatement après, l’incident se produit. Tous les utilisateurs de téléphones portables autour de lui soit, s’écroulent ou meurent, attaqués par d’autres sauvages. Là, je suis fascinée. Je m’identifie immédiatement à ces victimes. Ça aurait pu être moi. En fait, ça aurait pu être vous aussi; le téléphone portable est tellement ancré dans nos vies qu’au réveil, c’est la première chose que l’on touche avant même de dire bonjour à notre partenaire, avant notre prière, etc. C’est cette addiction qui a justement poussé Stephen King à écrire son livre Cellulaire.
L’idée du roman lui est venue à New-York, alors qu’il vit un homme parler seul pour ensuite réaliser qu’il portait des écouteurs. Le passant était tellement déconnecté de la réalité que cela inspira l’auteur. Original n’est-ce pas? Une telle idée aurait pu passer par la tête de tout auteur.e. Vous vous demandez probablement pourquoi vous n’y avez pas pensé avant. Vous pouvez tout aussi bien recycler cette idée dans votre genre.
Au-delà de ça, j’ai été saisie par ces personnages qui agissaient comme un troupeau et comme des zombies qui n’avaient plus aucune volonté, obéissant à une force invisible. Cela me rappelle parfois comment, nous, dans la vie réelle, nous marchons les yeux rivés sur nos écrans, incapables de les lâcher. Nous ne nous regardons plus. Nous sommes des zombies volontaires. De voir un film pareil, ça m’a secouée.
J’ai aussi été satisfaite de voir comment un fait tiré du quotidien peut se retrouver dans un livre, puis un film. Il suffit d’avoir le sens de l’observation, de saisir ses faits inhabituels, de les analyser et, enfin, de les adapter à notre genre littéraire.
Cellulaire, selon moi, interpelle les spectateurs à un usage plus modéré du téléphone portable. Quand nous sommes dans le bus, nous pourrions discuter avec notre voisin. À la maison, autour du repas ou dans nos lits, les téléphones ne devraient pas y être. En effet, dans le film, on voit des passagers d’un bus utilisant leurs téléphones portables d’un bus céder à la folie. Le film visé bien tous les espaces dans lesquels nous nous déconnectons. L’auteur nous invite ainsi à nous reconnecter à la réalité.
Sources
Neveu, Dr. Nicolas. Addiction au portable et nomophobie: la reconnaître et la soigner. https://e-psychiatrie.fr/situations-ou-appeler-a-laide/addiction-au-portable-psy-psychiatre-paris-nomophobie/
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