Ce roman m’a été chaudement recommandé par ma cousine qui est une férue de lecture. Elle n’était pas d’ailleurs la seule à apprécier cette œuvre littéraire. Pour en avoir une idée, j’ai parcouru quelques critiques littéraires positives sur internet, j’ai décidé d’acheter la version anglaise. C’était en 2020, l’année “covidienne”.
Malheureusement, je n’ai pas adhéré. Bien que je lise et parle couramment anglais, les mots étaient compliqués et j’avais dû mal à saisir l’intrigue. Des facteurs externes ont aussi contribué à cela, la mort planait dans l’air à cause de la covid-19, j’avais perdu mon envie de lire. J’ai essayé d’autres livres, en vain.
En 2021, j’ai décidé d’essayer de lire la version française. C’était un peu plus fluide. Cependant, j’avais toujours du mal à comprendre le roman, du point de vue de l’intrigue et du monde dans lequel le récit se déroulait. Par contre, j’ai apprécié les concepts féministes développés dans le roman, écarquillant les yeux ici et là, tellement tout cela paraissait proche des discours misogynes lus sur la toile.
Le patriarcat
En sociologie, on définit le patriarcat comme « une forme d’organisation sociale et juridique fondée sur la détention de l’autorité par les hommes, à l’exclusion explicite des femmes ». Il s’agit d’un « système où le masculin incarne à la fois le supérieur et l’universel » (Wikipedia). Dans le roman, l’auteure dépeint une société, la République de Gilead qui est foncièrement misogyne et dirigée par des hommes âgés. Les femmes y ont perdu leur indépendance financière, leur liberté de mouvement et de décision. La République s’est imposée doucement aux citoyens de cette société américaine dystopique. Du jour au lendemain, les femmes ont perdu leurs emplois, interdites de travailler. Un vendeur a remplacé une vendeuse de rue. L’argent du compte bancaire de Defred, le personnage principal a été viré à son conjoint et ses cartes ne fonctionnaient plus. Elle réalise qu’elle n’est pas un cas isolé en discutant avec Moira, sa meilleure amie. Petit à petit, elles se sont vues refuser certaines libertés. Personne n’avait imaginé l’ampleur que ce phénomène prendrait.
Impuissantes, elles se sont retrouvées dans une société dirigée par des extrémistes religieux qui avaient une vision précise des femmes et de leur rôle. Le réalisme de cette intrigue réside dans le fait que la société de Gilead est une ville contemporaine de 1980, donc pas si loin de nous. Les maux qui y sont décrits sont encore actuels quand on repense aux différentes revendications féministes en 2021, aux mouvements #metoo ou dénonce ton porc, etc. La femme réclame constamment ses droits et l’égalité avec les hommes. Et bien à Gilead, les hommes assouvissent leurs phantasmes envers la femme: viol, dictature vestimentaire, division sociale des rôles des hommes et des femmes. Les premiers sont plus ou moins libres de leurs mouvements à l’instar du commandant.
La division des femmes en classe et besoin de reproduction
Atwood décrit une société hiérarchisée dans laquelle les hommes et les femmes ont des rôles bien précis. En haut de la chaîne sociale, on retrouve les Commandants et les épouses. Les premiers détiennent le pouvoir. Leurs épouses font du jardinage, tricotent, supervisent les Servantes, etc. Les marthas l’assistent dans l’exécution des tâches ménagères quotidiennes. Les femmes économes sont des femmes ordinaires, mariées à des hommes ordinaires. Leur description dans le livre renvoie à une position peu envieuse, celle de moins que rien. Les Servantes assurent une fonction reproductrice. Elles sont formées Les Bannies sont des personnes âgées ou des femmes qui ne sont pas fertiles. Elles sont envoyées dans les colonies pour y vivre. Les Jezebels assouvissent les désirs sexuels des commandants. Leur existence montre l’hypocrisie de ces dirigeants qui privent les femmes de tout plaisir et liberté de mouvement tandis que leurs privilèges leur octroie des avantages secrets. On note également que l’âge avancé les Commandants ne constitue pas une tare. Ils ne sont pas bannis de la société comme les femmes âgées. Cette métaphore de La servante écarlate renvoie à l’image de machines dans des fabriques dont le rôle est bien défini. Leur utilité dépend de leur capacité à bien exécuter leurs tâches. L’humanisme et la bienveillance ont disparu.
En 2021, beaucoup d’hommes puritains reprochent à certaines femmes de porter des vêtements trop courts, trop serrés sous prétexte que le corps de la femme est sacré. Si ce sont des cas isolés, à Gilead, les hommes imposent des tenues vestimentaires aux femmes en fonction de leur rôle dans la société. Leurs idéaux reposent sur la Bible.
Bien que dystopique, La Servante écarlate aborde des thèmes féministes qui sont liés à notre époque. Il inspire d’ailleurs des marches féministes pendant lesquelles des femmes s’habillent comme Defred. C’est cette proximité qui poussent plusieurs analystes littéraires à conclure que le roman est un avertissement sur les dangers et les rejets de l’histoire. Quant à moi, je pense que l’auteure montre ce qui pourrait arriver si jamais les phantasmes des hommes puritains et autoritaires se réalisaient.
Sources
Bordier, Marc, La Servante écarlate, roman dystopique et catastrophique, 2019. http://www.carnetlecture.com/litterature-contemporaine/la-servante-ecarlate/
Boyd, Lewis, Macintosh, The Handmaid’s tale (la servante écarlate), 2006: 2019. https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/la-servante-ecarlate
Herederien, Commentaire de lecture: La Servante écarlate-Margaret Atwood, 2019
Patriarcat (sociologie). https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Patriarcat_(sociologie)
Herederien, Commentaire de lecture: La Servante écarlate-Margaret Atwood, 2019
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