Date de parution : 2012
Lieu de parution : Paris
Editeur : Fayard
Genre : essai
Nombre de pages : 182
Résumé
C’est une collection de différents essais dans lesquels Mabanckou traite essentiellement de la place de l’homme noir dans le monde, de son rapport à l’homme blanc. Il aborde la fascination avec laquelle l’homme noir considère l’Occident comme la solution a tous ses problèmes, la terre promise. Il revient sur les deux enfants guinéens, Yaguine Koita (14 ans) et Fodé Tounkara (15 ans) qui avaient été retrouvés morts dans le train d’atterrissage d’un avion à direction de Bruxelles en 1999.
Dans son essai, Mabanckou aborde les thèmes suivants: la colonisation, l’immigration, l’identité, l’écrivain francophone. Selon lui, en ce qui concerne la colonisation, l’africain est trop figé sur le passé glorieux de l’Afrique précoloniale et sa place dans le monde, l’impact de la colonisation dans l’interruption de ce passé. Il écrit à ce sujet : « Les Noirs ont été les premiers, disent les Africains en sanglots ? Je leur réponds : Tant mieux ! Et je leur pose la question qui les dérange d’ordinaire : Que faire maintenant ? » « Le passé préoccupe plus les militants que leur présent ou leur avenir » (Emplacement 117). Il ajoute encore : « Nos militants ont encore le regard fixé sur le rétroviseur » (Emplacement 122). Le rétroviseur ici illustre le regard que l’Africain porte au passé.
Il suggère que ce dernier se concentre sur son présent et son futur. Pour lui, il est tout aussi important que l’africain reconnaisse sa part de responsabilité dans la vente des esclaves aux européens pendant la traite négrière, ce qui est encore un sujet tabou en Afrique.
La notion de territoire et d’identité
Selon Alain Mabanckou, l’identité est une notion imaginaire qui n’est pas liée au territoire. Qu’est-ce que c’est qu’être français ? C’est quoi l’identité nationale ? C’est une identité qui peut dépasser les frontières. On peut être un français noir ou un camerounais blanc. On peut d’ailleurs lire: « L’histoire de la colonisation nous a montré que le territoire pouvait être imaginaire, dépasser les frontières, braver les variations climatiques, brasser les langues et les races » (Emplacement 519). Il affirme que les défenseurs du territoire sont guidés par la peur: « …citoyens sensibles aux discours sur la peur de l’autre et qui estiment qu’il faudrait défendre le territoire afin de sauvegarder leur identité » (emplacement 574)
Est-ce anodin qu’il ait lié l’extensibilité du territoire pendant la colonisation à la notion de l’extension de l’identité ? Si j’ose aller dans cette direction, on pourrait y voir une relation de cause à effet.
Mon sentiment
J’avoue avoir été choquée par certains passages du livre dans lesquels l’auteur abordait la question de la colonisation et l’implication des noirs. Ce n’est pas tant qu’il a tort de le rappeler mais j’ai parfois eu l’impression qu’il imposait le silence aux Africains : « vous n’avez pas été les seuls à avoir subi la domination, donc, taisez-vous ! Vous n’êtes pas parfaits, vous avez aussi dominé d’autres peuples (la colonisation des Noirs par les Noirs), donc, taisez-vous.» (Je n’ai malheureusement pas noté la référence ici). J’ai presque l’impression qu’il passe sous silence les séquelles qui sont encore visibles dans la société. On dirait qu’il oublie que les Noirs sont encore victimes de discrimination aujourd’hui et que sur le plan psychologique, l’homme Noire en souffre encore.
Par contre, j’ai apprécié qu’il aborde l’implication de l’Occident qui empêche les pays africains qui essayent de relever la tête : « Et lorsqu’un pays a la hardiesse de remettre les pendules à l’heure, l’ancienne puissance lui fabrique un opposant de toutes pièces. On lui donne les armes et on l’accompagne dans sa conquête du pouvoir » (emplacement 1452).
C’est un livre qui ne m’a pas laissé indifférente. J’ai plusieurs secoué la tête en signe de contestation ou d’approbation. Il mérite d’être lu.
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